Unpacking my library
–>"I have just found a lovely book, with illustrations by Eloi Valat. It is a book about the women of the Paris Commune
(1871). The history of the Commune is well known, and comprehensively documented on the internet. Indeed, Eloi valat has produced four books that revisit the mythology of the Paris Commune in all
its brutal, tragic and romantic beauty… of doomed idealism and barbaric violence. […]
Valat's books present the story in illustrated form… not quit as comic books, but in the grand tradition of imagerie d’Epinal, Cran d’Ache, Otto Dix, and George Grosz. There's also something
cinematic, at least nodding toward Sergio Leone, in the way that the figures and space are configured…”
…
–>«Eloi Valat nous déjà offert de belles planches sur la Commune de Paris et sur Jules Vallès. Chargés d'émotions et de vérité graphique, ses ouvrages sont toujours des partages forts sur cette période forte de l'histoire du mouvement ouvrier. Sa nouvelle publication a pour thème la place des femmes dans la Commune de Paris. […] Les dessins nets et sombres, avec ses à-plats de couleur franche sont d'une très grande modernité et donnent sens aux moments symboles d'une révolution en marche. Les mains particulièrement traduisent le travail qui déforme, la fébrilité des acteurs, l'intensité du combat d'un peuple qui veut vivre dans la dignité et le respect.»
–>«[…] L'ouvrage d’Eloi Valat confronte les documents
– Mémoires, témoignages rapports – à l'imaginaire rétrospectivement engagé de l'artiste. Le dessin, tel un cyclope, déborde les pages qu'il envahit. La férocité anguleuse du trait, la violence
des à-plats de couleurs vives, la force nerveuse des gros plans sur les visages et les bras levés, le refus de la psychologie au bénéfice de l'émotion politique, de l'humour et d'une certaine
beauté au bénéfice de la violence subie et exprimée, tout rend ce livre remarquable et déstabilisant. La révolte qu'il décrit, qu'il accompagne, se répand sur les pages. Ce sont des géantes et
des géants de l'esprit révolutionnaire qu'on observe, et qui pénétrent. […]»
Philippe Lançon, Charlie Hebdo, 17/07/2019
–>«Éloi Valat a consacré plusieurs ouvrages à la Commune et nous suivons avec attention et sympathie ses déambulations dans les méandres des textes d’époque choisis (souvent littéraires) et des dessins surgissant de l’histoire, éclatants de couleur, qui rappellent sans cesse la modernité de cette insurrection. Loin de s’attarder à l’esprit mélancolique de la commémoration des vaincu(e)s, ce nouvel album, «ce poème graphique» pour reprendre l’expression de la très bonne préface de Sarah El-Matari, est consacré aux Louises, les femmes de la Commune. Il répond bien aux interrogations, voire aux mensonges et aux dénis sur la participation des femmes au mouvement communaliste. Évidemment plane l’image emblématique de Louise Michel. Mais la vierge rouge ne saurait cacher d’autres héroïnes dont les portraits sont dressés dans la dernière partie du livre (VII-Aux citoyennes : André Léo, Paule Minck, choisie pour la couverture, Nathalie Le Mel, Hortense David, Lachaise), et surtout la masse des femmes issues des milieux populaires, désignées par de nombreux auteurs bourgeois et réactionnaires (voir notamment les textes de Zola ou de Flaubert) sous le nom terrible de «pétroleuses». Le mépris est très grand pour ces révolutionnaires ordinaires, que Louise Michel a défendues contre le flot d’insanités déversées par les écrivains majoritairement engagés contre la Commune: « Les légendes les plus folles coururent sur les pétroleuses. Il n’y eut pas de pétroleuses, les femmes se battirent comme des lionnes, mais je ne vis que moi criant le feu ! le feu devant ces monstres ! Non pas des combattantes, mais de malheureuses mères de famille, qui dans les quartiers envahis se croyaient protégées par quelque ustensile, faisant voir qu’elles allaient chercher de la nourriture pour leurs petits (une boîte au lait, par exemple), étaient regardées comme incendiaires, porteuses de pétrole, et collées au mur ! Ils les attendirent longtemps leurs petits ! Quelques enfants, sur les bras des mères, étaient fusillés avec elles, les trottoirs étaient bordés de cadavres. »
«Femmes du peuple. Derrière la dure lutte pour la survie, remarquablement illustrée par Éloi, pointe sans arrêt le combat pour la dignité, qui ne s’arrête pas aux limites chronologiques de ce merveilleux album. Il sait redonner la parole aux femmes, montrer leurs sacrifices et surtout faire vivre leur espoir. Un combat à poursuivre toujours : « Les grandes revendications sociales du 19e siècle ont été portées par les femmes autant que par les hommes, et on ne le dit pas assez. Quand les révolutions meurent, elles sont les premières victimes : il y a toujours un double retour à l’ordre, politique et sexiste.» À commencer par celui qui est imposé à ces femmes, traînées devant les conseils de guerre chargés de les juger, humiliées, ramenées au rang de subalternes, jamais désignées comme combattantes et systématiquement discréditées pour en montrer la bestialité et l’absence de toute pensée propre. Des femmes «contre nature», mises au ban même de leur appartenance au genre féminin (comme le décrète Dumas fils), qui ont tant à nous apprendre encore aujourd’hui sur la lutte pour l’égalité sociale.
La défaite de la Commune réduit pour un temps au silence les communardes comme tous ceux qui ont participé à l’insurrection, survécu à la semaine sanglante et aux exécutions sommaires. La fusillade, la déportation et l’exil laissent la place à un courant féministe plus modéré et bourgeois, qui s’attache à l’obtention du droit de vote ; les femmes du peuple reviendront en luttant d’abord pour l’égalité salariale et pour les valeurs universelles d’émancipation. Elles sont toujours là, plus que jamais présentes dans nos mouvements sociaux, comme l’ont montré Gilles Perret et François Ruffin dans leur documentaire, J’veux du soleil. En refermant le livre, la force des textes et la beauté des dessins qui les portent continuent encore longtemps à nous enchanter, mais aussi à nous interroger sur le combat des femmes et au-delà à nourrir toutes les luttes contre les discriminations et les oppressions.»
Jean-François Wagniart, Cahiers d’histoire, 143
–>«[…] Faits d’à-plats de couleurs franches, les dessins d’Éloi Valat saisissent (empoignent, dirait Vallès) en rendant sensible la tension, la fébrilité, la violence latente et l’indéfectible espoir propres à la temporalité révolutionnaire. Dès l’ouverture, une vendeuse de journaux sort de l’imprimerie Audin pour aller diffuser, à grandes enjambées, une feuille intitulée La Sociale : la dynamique est lancée.
Ces femmes de la Commune ne sont pas belles, charmantes ou élégantes à la manière des lithographies de Gavarni, ou des dessins de Constantin Guys. Leur corps et leur visage sont marqués par le temps, le travail et les épreuves. Les mains s’entourent de guenilles pour se protéger du froid, on porte de gros godillots solides ; point de chapeaux contournés et coûteux, mais des châles, des foulards, des bonnets en coton ; point de corset soulignant la finesse des tailles, pas de robes arachnéennes ou surchargées d’ornements, mais de grosses étoffes brunes, bleues, rouges aussi. Le quotidien de ces Louises est humble et prosaïque : une table bancale, des chaises pelées, un pot à eau, le lait qu’on porte précautionneusement dans un bidon dans des ruelles mal pavées.
Nul apitoiement misérabiliste cependant. Les travailleuses qu’Éloi Valat met en scène sont aussi des militantes et des combattantes. Dans les clubs, les voici à la tribune, qu’incendie l’éclat d’un immense drapeau rouge ; dans la rue, elles prennent la tête des défilés dont elles brandissent l’étendard. Dans leur uniforme barré de l’écharpe rouge, portant un tambour ou un fusil, elles défendent une barricade ou montent à l’attaque. La République et la Sociale sont femmes : superbe et bouleversant, l’ouvrage d’Éloi Valat nous le rappelle avec éclat.»
Corinne Saminadayar-Perrin, Autour de Vallès, 49